Harry est jeune, tranquille, et dépendant. D'ailleurs, tout le monde autour de lui est dépendant. Sa mère, Sarah, est accroc à la télévision, elle ne rêve que d'être invitée à un show télévisé, seule chose qui puisse encore égayer sa morne vie. Sa copine, Marianne, est tombée dans la drogue en même temps que lui, au même titre que leur meilleure ami Tyronne. Le cannabis, mais aussi l'héroïne et le crack sont monnaie courante pour eux. Quand la dope rentre facilement, tout va bien. Mais lorsqu'on décide de se mêler au trafic et d'empocher de l'argent, attention aux retombées : le sevrage vous guette à chacun de vos pas.
La structure globale du scénario est une spirale descendante à la vitesse exponentielle. Les quatre personnages principaux ont des liens fortement tissés. Au centre d'eux tous, Harry. Autour de lui, Marianne ( la "pure"), le plus bel objet de son monde, se résigne vite à oublier ses rêves. Tyron le meilleur ami est encore celui qui s'en sort le mieux, mais c'est le souvenir des heureux jours avec sa mère ainsi que sa solitude qui le rongent. La solitude, c'est aussi la seule compagne de Sarah, la mère. Défoncée aux anabolisants pour maigrir suite à un canular lui faisant croire qu'elle passera à la télé, elle s'enferme dans un monde effrayant car terriblement intérieur.
De ces quatre personnages se délecte un seul ennemi : la dépendance. Au rythme des quatre saisons (quatre parties égales et carrées, autant que de personnages) elle accroît sa pression, domine les êtres avec toujours plus de force. La dépendance peut revêtir toutes les formes : drogue douce, drogue dure, nourriture, café, télévision. Tout devient prétexte à fournir une dépendance à commencer par celle qui les guérit toutes : l'espoir. Et la seule échappatoire momentanée à cette spirale est le sexe. Pour Marianne et Harry qui se rassurent mutuellement. Pour Tyron qui exacerbe ainsi la nostalgie de son enfance. Pour Sarah qui fantasme sur le présentateur à la télévision.
Les symboles sont plus que nombreux, ils sont omniprésents. Parmi eux, la position fœtale, sur laquelle se termine la film, souligne le fait que la naissance est le premier problème de l'homme : la vie procure essentiellement de la souffrance (morale éminemment pessimiste). Et les quelques moments de bonheur des personnages sont des moments de rêve, volatiles et dérisoires. Les lignes tracées par chacun de leurs destins, se croisant ou se déliant, sont le fil conducteur de ce scénario qui chute et qui déploie un éventail de vérités improbables, alors qu'elles sont juste sous nos yeux. Et c'est par ces lignes que l'on s'enfonce en compagnie des quatre personnes qui sont chacune un peu de nous.